Ce guide gratuit s’adresse aux journalistes qui veulent franchir le pas vers le numérique, sans y perdre leur style ni leur rigueur. Attention, une fois n'est pas coutume, plusieurs anglicismes vont se glisser dans cet article.
Les codes du journalisme ne suffisent plus
Les fondamentaux du journalisme – vérification, hiérarchisation, clarté –, que j'ai déjà abordés dans cet article, restent valables. Toutefois, sur le web, ils doivent s’accompagner d’un nouveau savoir-faire.
Le SEO s'installe en salle de rédaction. Un exemple ? Un bon article ne suffit plus : il doit être trouvable et trouvé. Ici entre en jeu la pratique du SEO (Search Engine Optimization), un ensemble de techniques qui permettent d’optimiser la visibilité d’un contenu dans les moteurs de recherche, tout en conservant les impératifs du journalisme.
Un contenu mal structuré ou mal titré, même s’il est excellent, peut passer totalement inaperçu sur le web. Pourquoi ? Parce qu'il ne sera pas « compris » par les moteurs de recherche ou les intelligences artificielles.
Écriture web vs écriture presse : quelles différences ?
On ne lit pas de la même manière un magazine papier et un site web. Vous le savez bien. Concrètement, quelles sont les différences ?
La lisibilité numérique
Sur papier, on lit en profondeur. Sur écran, on survole. Le lecteur web scanne l’information : titres, intertitres, listes, mots en gras. La structure doit donc être visuellement claire. C’est ce qu’on appelle le “format en F” d’après les recherches de Nielsen Norman Group.
Traduction ? Quand une personne lit un article en ligne, ses yeux suivent généralement une trajectoire qui ressemble à la lettre F :
- Une première ligne horizontale : le lecteur lit les premiers mots de la ligne (souvent le titre ou le début d’un paragraphe).
- Une seconde ligne horizontale plus courte : il lit partiellement une deuxième ligne, souvent un sous-titre ou une accroche.
- Un balayage vertical le long du bord gauche : il scanne le reste du contenu en ne lisant que les débuts de paragraphes ou les mots en gras.
En rédaction web, il faudra placer l'info importante en haut de page, utiliser des titres et des sous-titres, mais surtout couper les paragraphes.
L’importance du titre
Un bon titre de presse attire l’œil. Un bon titre web attire… Google. Il doit contenir des mots-clés, sans tomber dans le putaclic. Par exemple, « Comment bien écrire pour le web en tant que journaliste » a plus de chances d’être trouvé que « Le grand virage numérique des journalistes ». Autre exemple, si vous écrivez sur le véganisme, ce terme seul est trop générique. En revanche, « le véganisme est-il sain ? » pourrait correspondre davantage aux recherches des internautes.

Le référencement naturel (SEO)
Le SEO repose sur plusieurs piliers : des mots-clés pertinents, une structure claire (H1, H2…), des liens internes et externes, et une méta-description engageante. Le H1 correspond au titre principal dans une table de mes matières, le H2 à un titre de second niveau, le H3 à un titre de troisième niveau.
Des outils comme 1.fr, Semrush ou Yoast (si vous utilisez WordPress) aident à optimiser tout cela, tout comme, de plus en plus, les IA dont Perplexity et ChatGPT.
Les erreurs fréquentes des journalistes sur le web
Trop écrire, trop bien écrire : longtemps, l'écriture du journaliste a été soignée, imagée, inventive. Face aux écrans, elle doit réussir le grand écart entre la tentation littéraire et la nue simplicité.
- Ignorer les balises : les H2 (Titre 2) et H3 (Titre 3) guident le lecteur et les moteurs.
- Rédiger des paragraphes trop longs : sur écran, le rythme doit être plus saccadé, l'écriture plus compacte, nerveuse.
- Oublier les liens : vers d’autres articles ou vers des sources de confiance.
- Ne pas penser « mots-clés » : ce n’est pas trahir son style, c’est élargir son lectorat. Comment vos lecteurs pourraient-ils bien trouver ce que vous venez d'écrire est la première question à vous poser à vous-même.

Comment adapter ses réflexes de journaliste au web
Simple ! En voyant cet exercice comme une formation continue, voire (c'est mon cas) comme un jeu.
Réapprendre à titrer
Le titre est un double enjeu : accrocheur pour l’humain, lisible pour l’algorithme. Il doit idéalement contenir une requête que tape l’utilisateur : “écriture web journaliste”, “conseils SEO journaliste”, etc.
Structurer pour le « scroll »
Un bon article web contient :
- une introduction qui doit engager le lecteur
- des intertitres tous les 2 à 3 paragraphes (courage !)
- des mots en gras ("Strong" ou <strong>) pour accrocher l’œil
- des paragraphes courts de 3 à 5 lignes au maximum.
Penser SEO sans se renier
Insérer des mots-clés, c’est anticiper les requêtes du lecteur, pas sacrifier la qualité. On ne demande pas d’écrire pour les robots, mais avec eux à l’esprit. Vos lecteurs sont principalement des êtres humains, mais d'autres s'invitent au bal, notamment les intelligences artificielles, future précieuse source de trafic qualifié.
Tableau comparatif : écriture presse vs écriture web
Quelles différences entre écriture presse et écriture web ? Rien de tel qu'un tableau comparatif pour l'expliquer et pour montrer que l'on entend par « écriture visuelle »).
Écriture presse | Écriture web |
---|---|
Lecture linéaire et approfondie | Lecture en diagonale (format en F) |
Titres abstraits ou stylistiques | Titres clairs avec mots-clés SEO |
Paragraphes longs et denses | Paragraphes courts, aérés et scannables |
Structure libre, guidée par l’angle | Structure balisée : H1, H2, H3 |
Peu ou pas de liens hypertexte | Liens internes et externes intégrés |
Focalisation sur le style et la plume | Équilibre entre lisibilité, fond et visibilité |
Vers un journalisme hybride
Qu'en retenir en conclusion ? En 2025, le journaliste ne devient pas rédacteur web. Il devient journaliste augmenté : capable de produire un contenu fiable, « engageant » (j'avoue moi-même détester cet anglicisme) et, surtout, visible. Le web n’est pas une menace pour l’écriture journalistique. C'est un terrain d’expression supplémentaire. À condition d’en comprendre les règles.
Questions fréquentes
Quelques réponses aux questions fréquentes sur le sujet.
Dois-je oublier mes études de journalisme pour écrire sur le web ?
Pas du tout. Vos compétences restent précieuses : vérification des sources, esprit critique, sens de l’angle… L’écriture web demande juste un complément de méthode, notamment pour structurer, capter l’attention et optimiser le contenu pour le référencement.
Faut-il écrire différemment pour le SEO ?
Oui, mais pas en trahissant votre style. Il s’agit d’adapter l'écriture : penser à la structure (H1, H2, H3), intégrer des mots-clés naturellement et anticiper les questions du lecteur. L’objectif reste d’être lu, mais aussi trouvé.
Est-ce que l’écriture web, c’est du marketing ?
Oui, mais pas en trahissant votre style. Il s’agit d’adapter l'écriture : penser à la structure (H1, H2, H3), intégrer des mots-clés naturellement et anticiper les questions du lecteur. L’objectif reste d’être lu, mais aussi trouvé.